Pour ce 15ème café mortel, deux compagnies de théâtre sont à l’honneur : MANGE!&Cie et la Cie La mort est dans la boîte. Toutes deux représentées par leur metteuse en scène respective : Camille Meneï de et Laure Fonvieille.
Deux artistes qui questionnent la mort, le funéraire, la mémoire, le plaisir de partager et de transmettre ainsi que l’art dans son rapport aux publics.
Pour le week-end Mortel des Tombées de la nuit, leur spectacle Les goûters mortels (MANGE!&Cie) et Celles d’en-dessous (Cie La mort est dans la boîte) sont programmés à Rennes. La Coopérative funéraire de Rennes a donc organisé un café mortel la veille de ce week-end, profitant de la présence de ces artistes, pour aller questionner l’art et la mort dans le spectacle vivant.
Mange&Cie
« Née en 2019, Mange! rassemble différentes personnes qui souhaitent faire du théâtre comme ils aiment manger, avec appétit et gourmandise. Nous recherchons un rapport familier, de tendresse et de proximité, un théâtre qui aime son public et veut le rencontrer sincèrement, sur un mode joyeux tout en se jouant gentiment de lui ».
Résumé du spectacle Les goûters mortels :
«Radio Sapin s’invite chez vous pour l’enregistrement des prochains «goûters mortels» en direct et en public !
Au programme, interviews, reportages, jeu participatif et toujours, en clôture d’émission, le traditionnel «goûter mortel» et ses nouvelles recettes à cuisiner vous-mêmes !
Cette semaine, les invité.e.s de l’émission seront Romain Chapus, alias Romain Des Bois, conseiller d’orientation funéraire et Julia Hoarau, militante et salariée à la Maison Communale des Cérémonies de Sonnac. Une émission animée par Anaïs Redon avec la participation de Dominique Fournier, explorateur en ethnographie funéraire.»
Pourquoi des goûters mortels ?
Inspiré des cafés mortels, initiative d’origine Suisse de sortir la mort du Tabou dans les bistrots lors de temps conviviaux, les goûters mortels sont l’occasion pour nous de parler de rituels funéraires autrement, par le rire et la tendresse. Nous souhaitons offrir aux spectateurs et aux spectatrices, bien installés comme au café, une tasse de thé dans une main et une madeleine à la lavande dans l’autre, un temps à part où ce sujet particulier peut être abordé, avec décalage et dans le soin.
Lien vers la page Facebook de Mange!&Cie
Cie La mort est dans la boîte
La compagnie, créé en 2010, se compose de personnes issues de différents parcours (conservatoires de théâtre et de musique, école supérieure d’art dramatique, université…). Laure Fonvieille, en tant que metteuse en scène et costumière, en est la directrice artistique.
La mort est dans la boîte met au centre de son travail le partage d’un récit : le théâtre est une société miniature où la parole et le geste se partagent simplement. On y questionne la vie, on y découvre qui nous sommes. Pour cela nous entendons poser des questions sur l’état de notre monde par le biais du texte et du jeu. Raconter, conter, partager au théâtre est pour nous une manière de résister.
Lucile a posé quelques questions à Laure Fonvieille sur son spectacle Celles d’en-dessous :
Pouvez-vous présenter votre spectacle ?
Dans un cimetière, cinq comédiennes font revivre par leurs voix et leurs corps cinq femmes «remarquables» inhumées. Femme politique ou militante, artiste, témoin de l’histoire locale, «illustre inconnue», remarquable, oubliée… : Celles d’en dessous met en valeur notre matrimoine en imaginant un dialogue entre mortes et vivant·es.
Le projet Celles d’en dessous répond au besoin de se connecter avec le passé pour comprendre le présent, de tisser du lien entre les mortes et les vivant·es. Nous souhaitons interroger cette mémoire collective, et ses liens avec la construction de chacun aujourd’hui. Cette interrogation est au cœur d’une réflexion profonde pour de nombreuses personnes. Nous proposons donc ici que celles du dessus fassent revivre le temps de la représentation celles d’en dessous. Car les histoires de celles d’en dessous ont beaucoup à nous dire.
Quel a été votre processus de création ?
Le projet est né grâce à Nathalie Bidan, alors en charge de la valorisation du patrimoine funéraire rennais : intriguée par le nom de notre compagnie, elle a imaginé que nous ne serions pas effrayées à l’idée de faire du théâtre dans un cimetière. Elle avait vu juste. J’ai donc imaginé le projet Celles d’en dessous qui permet à la fois de valoriser les femmes du passé et les cimetières comme lieux de mort, de vie, de promenades, de mémoire et d’histoire.
Le processus de création est toujours le même pour chaque cimetière dans lequel on créé :
- Prise de contact avec le cimetière intéressé et établissement d’une liste exhaustive des sépultures de femmes «remarquables» du lieu.
- Choix de cinq parcours de vie de femmes, réalisé en fonction de plusieurs critères (localisation de la sépulture, éléments dramaturgiques, diversité…).
- Travail de recherche sur les femmes choisies : témoignages et sources relatives aux biographies, à l’époque, aux costumes… Travail en lien avec les familles et les associations partenaires.
- Écriture des portraits à la première personne pour chacune des cinq femmes/cinq comédiennes et confection des costumes et répétitions sur le lieu.
- Déambulation théâtrale dans le cimetière – 60 minutes environ.
Pourquoi un spectacle sur la mort ?
Je crois qu’on fait avant tout un spectacle sur la vie et le matrimoine. Le spectacle est souvent associé à la mort car il se joue dans un cimetière. Au théâtre les morts et mortes sont des personnages comme les autres.
En quoi est-ce venu percuter vos vies ?
Je n’allais jamais me promener dans les cimetières avant ce projet. Maintenant oui. Mon rapport à “mes” morts a changé.
Comment cela vous a fait évoluer (professionnellement et personnellement) ?
C’est un spectacle qui me porte dans ma vie personnelle et professionnelle. C’est comme si ce spectacle était parfaitement taillé pour moi (ou je l’ai taillé pour moi avec une très grande liberté) et le fait de travailler qu’entre femmes fait du bien. La sororité nous porte.
Avez-vous eu des imprévus ?
On a plutôt eu de très beaux imprévus !!! Très belles rencontres dans les cimetières.
Est-ce que nous avons le droit de jouer avec la mort ? Qu’est-ce que ça fait de toucher à la mort ?
Je crois bien qu’on joue avec la vie et que la mort en fait juste partie. Ce projet a plutôt apaisé mon rapport avec la mort.
En quoi ne pas jouer un spectacle frontal dans une salle de théâtre est-il impactant dans vos productions ?
On a le plus beau des décors. Jouer dehors, dans un cimetière avec pour focus des tombes est très fort. Le décor est implacable. Les comédiennes auraient pas mal de choses à dire sur la façon de jouer en extérieur et plus particulièrement dans ce lieu qu’est le cimetière.
Au niveau de la production cela engendre des contraintes (météo, production, relation aux professionnels…)