Adélaïde Fiche de Folk paysage sera avec nous lors des prochaines rencontres intermondiales (les RIM) organisé par Au bout du plongeoir les 23 et 24 septembre. Son implication en tant que paysagiste dans le monde des cimetières l’amène à porter un regard sur notre environnement. Et si le sacré était végétal ?

En tant que paysagiste, travailler sur la question des cimetières, c’est se questionner sur un lieu en pleine mutation, et se rappeler que c’est un espace en changement permanent, reflet de nos sociétés. 

Aujourd’hui, l’espace du cimetière opère une franche transformation, qui est le fruit d’une évolution de réglementation qui, sous couvert d’une législation interdisant les produits phytosanitaires sur l’espace public, amène les communes à entretenir ce lieu de façon écologique. Ainsi ces lieux que nous connaissons pour la plupart comme des endroits très minéralisés se végétalisent. Les jardiniers communaux accompagnent la végétation spontanée (les dites indésirables) en les faisant cohabiter, pour mieux les fondre dans le décor, avec des plantes maîtrisées par leurs soins. 

C’est dans ce contexte que j’interviens, en profitant de la végétalisation des allées et des inter-tombes pour aller plus loin et tenter de transformer les cimetières en jardins. Il s’agit ici de parler de la sacralité par notre report à la nature et à notre émerveillement devant son cycle qui est un éternel recommencement. Il s’agit aussi d’apaiser autant que possible les vivants, en plantant des arbres, des rosiers, des bulbes, des fleurs à bouquets et des fleurs des champs. Et enfin, il s’agit encore de raconter les vies passées et de redonner à ces lieux aujourd’hui standardisés un peu de spontanéité, de douceur et de familier. 

À mes yeux la question de la sacralité et de notre rapport à nos proches disparus ne se peut qu’en puisant dans la nature et dans les sentiments qu’elle convoque en nous, et qui nous dépassent ou nous surprennent lorsqu’il s’agit de voir continuellement refleurir la vie, dans ces lieux dédiés à nos défunts.  

Les ateliers et échanges lors des RIM seront l’occasion d’approfondir et d’enrichir ce travail de réflexion sur les notions de sacralité et d’apaisement, avec des personnes qui ont toutes un rapport différent au cimetière.