Rédaction : Lucile Milliard
Photo : Marine Frugès
Pourquoi j’ai voulu faire un stage à la Coopérative funéraire de Rennes ?
Ma rencontre avec la Coop je l’ai un peu (beaucoup) provoquée. Mais je savais qu’il fallait que l’on se rencontre!
J’ai pris contact. Pas de réponse. J’ai renouvelé encore. Une brève réponse puis plus rien. J’ai tenté de nouveau. Nada.
En fait, c’est juste que je m’y suis mal prise. Je les ai contacté par mail. Ce n’est clairement pas le meilleur moyen.
Je ne me voyais pas non plus m’y pointer en mode : «Bonjour, j’ai envie de vous rencontrer». Cela reste une entreprise de pompes funèbres…
En fait, c’est exactement comme cela qu’il faut rencontrer l’équipe de la Coopérative.
Là-bas c’est l’humain avant tout. Je ne le savais pas encore.
Pourquoi je voulais tant les rencontrer ?
Cela faisait plusieurs mois que je m’intéressais au milieu du funéraire.
Petit à petit j’en suis venue à interroger mes proches sur le sujet de la mort et de comment eux voyaient leur enterrement. Là j’ai senti que je touchais un point ultra sensible. Pas un mur mais quand même je dérangeais.
Ça remuait.
Alors comment parler de la mort avec ses proches avec joie, sincérité et sérénité ? Pas évident !
J’ai commencé à rédiger de mon côté mes volontés funéraires. Pas évident non plus !
Je me suis dit qu’à la Coopérative ils devaient avoir des clés pour avancer sur ce sujet.
J’avais navigué sur leur site web. Déjà ce site m’intriguait. Je le trouvais coloré, drôle, bien expliqué. Original et accessible. J’étais bluffé qu’un site de pompes funèbres puisse donner envie de venir, sans attendre d’être en deuil.
Plus je lisais et plus j’avais envie d’en savoir plus.
Et puis les mois ont passé. Toujours le sujet de la mort logé dans un coin de ma tête. J’ai lu quelques articles et j’ai écouté de nombreux podcasts sur le sujet.
Pourquoi une telle fascination pour la mort ?
Plusieurs déclencheurs dont la naissance de ma fille et la pandémie mondiale. Les deux en même temps. Cela m’a interrogé sur comment nos bébés viennent au monde : de comment on accouche et comment on les accueille (masqué, angoissé, sans famille). Et en parallèle comment on enterre nos morts et comment on leur dit au revoir (masqué, angoissé, sans famille). Cela touche : Le respect des personnes, de la naissance à la mort, et du maillage qui se forme (ou se déforme) quand un être arrive ou quand il s’en va.
Je reviens à la question précédente : Pourquoi je voulais tant rencontrer la Coopérative ?
Outre mon envie, et mon intuition, de les rencontrer, je souhaitais découvrir comment on prend soin de nos morts, comment on accompagne les familles endeuillées et le fonctionnement d’une entreprise de pompes funèbres en mode coopératif.
J’avais envie de contribuer mais avant cela il me fallait connaître les différentes possibilités de le faire. Première étape : Découvrir le métier de conseiller funéraire et toutes les missions qui lui incombent.
J’ai recontacté la Coopérative avec une demande plus ciblée de stage. Une période d’immersion avec une convention Pôle emploi. (Idéal pour découvrir un métier et une entreprise durant quelques jours).
En attendant la réponse, je me suis lancée à mon tour dans la création d’un podcast.
La mort, tout un art ! est un podcast dans lequel je réalise des entrevues avec des artistes qui traitent du sujet de la mort dans leur création et aussi avec des personnes du milieu du funéraire qui font de leur métier tout un art.
J’ai contacté la radio rennaise Canal B pour leur demander un créneau de diffusion. Ils ont accepté le sujet en me disant : «Tu devrais rencontrer la Coopérative funéraire de Rennes». «Je sais…»
Puis, au détour d’une balade au cimetière de l’est de Rennes, j’ai rencontré Samuel Coët, un graveur de pierres tombales. Il accepte une interview (épisode n°2 du podcast) et me dit : «Tu devrais rencontrer la Coopérative funéraire de Rennes». «Je sais…».
Un jeudi matin, je prends mon courage à deux mains et j’appelle directement la Coopérative.
Grégory me répond. Il n’a pas le temps, il part en cérémonie et ils ont trop de demandes de stages.
Avant de raccrocher, il me lance : « Je te rappelle demain ».
De la déception à la joie, je guette mon téléphone le vendredi matin. Il sonne, je décroche et là j’expose ces trois points d’une traite :
- + je veux venir faire un stage à la Coopérative pour découvrir les métiers dans une entreprise de pompes funèbres
- + je viens du milieu culturel, médiatrice et coordinatrice de l’accueil ; tout ce qui à trait à l’accompagnement m’intéresse
- + j’ai créé un podcast
Silence… l’écoute de Grégory est aussi profonde que sa réponse fut lumineuse : «Ok, je crois qu’il faut que l’on se rencontre. (Je sais…) Tu pourrais passer la semaine prochaine pour rencontrer Isabelle ? Venir en immersion en mode reportage, ça t’irait ?».
Voilà comment, sur cette merveilleuse idée et avec une immense joie, je suis venue à passer huit jours à la Coopérative munie de mon enregistreur.
Huit jours à suivre l’équipe (presque) partout.
Huit jours à enregistrer en tendant mon micro ou en le posant dans un coin.
Huit jours où j’ai rencontré tellement de personnes que j’ai mon quota de sociabilité pour l’année.
Je ne pensais pas découvrir autant de belles personnes, je ne pensais pas ni de porter autant de cercueils (vides), ni de philosopher sur des notions de rituels, de sens, de faire ensemble, dans un corbillard.
Aujourd’hui je poursuis la réalisation de mon podcast sur la mort et l’art ; je suis en cours de création d’un épisode spécial, un reportage pour montrer, à travers l’exemple de la Coopérative funéraire de Rennes, que d’autres possibles sont à imaginer pour célébrer les défunts ; et j’ai toujours la volonté de contribuer à remettre le sujet de la mort au centre de la cité et rassurer les personnes qui souhaitent anticiper leur dernière cérémonie.
Merci à toute les personnes de la Coopérative funéraire de Rennes et à toutes les personnes rencontrées lors des déjeuners. Remerciements à Isabelle, Grégory, Gilles et Marine de m’avoir si bien accueillie et invitée à y prendre ma place.
PS : Pour contacter les professionnels de la Coopérative rien de mieux que de les appeler. Ils l’ont tout le temps avec eux, prêts à dégainer au moindre bip, pour se rendre disponible.
Lucile Milliard
Brodeuse de sons
Metteuse en lumière de personnes créatives
Pour écouter le podcast La mort, tout un art ! : https://lamorttoutunart.lepodcast.fr/
Pourquoi La mort, tout un art ! Comme titre de podcast ? Je le raconterai dans une prochaine publication sur Facebook et sur Instagram. Et tu peux aussi me demander ici :
lucile.milliard@gozmail.bzh