Ce manifeste est le fruit d’un travail d’écriture des membres du collectif organisateur du festival, constitué de sociétaires de la coopérative funéraire de Rennes.
Il pose le cadre de notre action et met en lumière la raison d’être du festival de la mort.
En quelques mots
Le festival de la mort est un projet porté par la coopérative funéraire de Rennes.
Il a pour ambition de remettre la mort au cœur de la Cité, pour s’emparer autrement du sujet.
C’est un temps de rencontre hybride qui croise les savoirs, les rituels, le spectacle vivant, la création d’objets, les expériences sonores, culinaires et… insolites.
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Nous portons l’idée que la mort doit retrouver toute sa place au cœur de la Cité.
Quand on sait que c’est une destinée commune à tou·te·s et tous, elle y est étrangement absente ou peu visible.
Et pourtant, en parler quand tout va bien, est un bon moyen de s’y préparer tranquillement.
Nous choisissons de célébrer la mort autrement.
Ailleurs dans le monde, d’autres peuples le font… et si nous, nous acceptions les célébrations plus festives ? et si nous osions ?
Nous pouvons, à notre façon, vivre des temps joyeux et réenchanter la mort.
Nous créons un festival de la mort pour parler à la fois de la fin de vie, de notre propre mort, de nos morts, du moment des funérailles, de la période de deuil et du cycle incessant de la vie.
Nous proposons de questionner, de vivre et d’inventer de nouveaux rituels.
Les pratiques funéraires changent avec l’évolution des cérémonies. La crémation prend le pas sur l’inhumation, et les cérémonies laïques sont désormais plus nombreuses que les cérémonies religieuses. Il y a tout un champ de possible à ouvrir pour inventer de nouveaux rituels. Les chemins de funérailles sont infinis, quand on accompagne les proches à bâtir un temps de cérémonie singulier et porteur de sens pour les défunt·e·s et les vivant·e·s.
Nous désirons donner à voir, à entendre et à goûter d’autres manières de se saisir du sujet de la mort.
Nous faisons se côtoyer des publics différents – citoyen·ne·s, chercheur·se·s, artistes, étudiant·e·s – à travers une proposition kaléïdoscope d’expositions d’objets, spectacles vivants, projections de documentaires, tables rondes, une veillée, un banquet, des expériences insolites, des écoutes de créations sonores, des partages de pratiques, etc.
Nous permettons l’échange d’idées et de pratiques, dans une ambiance conviviale, légère et festive. Même sur un sujet comme celui de la mort, nous savons combien cela est possible.
Nous investissons les temps en amont et en aval du festival pour collecter, produire et diffuser des idées, garder trace, ouvrir de nouvelles pistes.
En amont, nous animons des petits laboratoires d’éducation populaire sur le sujet de la mort et du funéraire : les « Labs ». Ils alimentent la programmation et l’expérience des festivaliers.
Le festival est un temps fort de plusieurs jours. Il a vocation à être programmé régulièrement.
En aval, nous créons et diffusons un ou des objets de synthèse… polyformes et polysémiques.
Nous nous réjouissons à l’idée que chacun·e puisse repartir du festival, en apportant avec soi quelques poussières, traces ou paillettes glânées au gré des expériences et des rencontres.
Nous prenons soin de chacun·e et contribuons à la santé mentale de tou·te·s en organisant ce festival de la mort.
Chaque mort impacte les proches et certain·e·s sont durablement fragilisé·e·s. La perte d’un proche isole, a des répercussions importantes sur la santé physique et psychique, sur le travail, les relations sociales. S’emparer du sujet de la mort est un acte de prévention sociétale.
Nous portons, haut et fort, la philosophie de la Coopérative funéraire de Rennes.
Nous nous inspirons de la façon dont l’équipe de la coopérative accompagne les familles, en :
- • redonnant le pouvoir d’agir à chacun·e sur le sujet de la mort et des funérailles
- • accompagnant, et en encourageant les élans, envies, idées
- • construisant avec la singularité de chacun·e
- • s’appuyant sur la force coopérative
(utilité sociale, entreprise collective et démocratique, gestion désintéressée, multi-sociétariat, indépendance…)