*Jérémy BOBBIO alias Lunar *
Né le 16 décembre 1982 aux Lilas
Décédé le 8 novembre 2024 à Rennes
Né le 16 décembre 1982 aux Lilas
Décédé le 8 novembre 2024 à Rennes
La cérémonie de ses obsèques a eu lieu le 18 novembre à 14h30 au Crématorium de Vern-sur-Seiche situé Clairière du Plessis
Ses proches ont conçu un site internet pour rendre hommage à Lunar. Vous pourrez y consulter et y déposer des témoignages et tout plein d’autres choses https://lunar.anargeek.net/
L’équipe de la coopérative est à votre disposition pour toute demande d’informations complémentaires au 07 63 63 55 25.
Lunar
Il y a dix jours, Lunar (Jérémy), pour la dernière fois, faisait les cents pas sur un quai de gare à l’aube, bottes rangers lacées jusqu’en haut des mollets, épaules un peu hautes, sourire taquin, foulard rose et gris dans la brume, boucles violettes dans le vent. C’était le matin tôt, mais sur le quai, l’horloge sonnait 13h12.
Quand nous avons appris deux jours plus tôt, que Dorothy Allison, inestimable autrice féministe états-unienne, était décédée, il nous a plu d’imaginer qu’iels s’étaient retrouvé·es dans le même compartiment, pour ce voyage hors du temps et de l’espace. Une rencontre improbable, mêlant leurs passions et leurs tendresses, leurs questions entêtantes.
Ça nous a fait du bien, d’imaginer le rire de Lunar, en surgissement aigu et contaminant, dans ce wagon rempli de passagères curieuses et éclectiques. Ça nous a fait du bien de nous raconter encore ce que Lunar apporterait.
« Nous n’avons pas peur des ruines. Nous sommes capables de bâtir aussi. C’est nous les travailleusRes qui avons construit les villes de partout. Nous allons recevoir le monde en héritage. La bourgeoisie peut bien se faire sauter. Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. »
Cette citation de Buenaventura Durruti, nous l’avons choisie avec Lunar pour ouvrir le bouquin Bâtir Aussi et elle nous parlait de cette recherche de révolution, de futurs désirables, d’utopies merdiques.
« De fil en aiguilles, de dynamos en rites funéraires, de laves-linge en assemblées, nous avons tenté de nous représenter les objets et les techniques qui composeraient nos quotidiens, d’imaginer où et comment habiter, concrètement. »
Captivé par les outils numériques, et forcément critique du monde techno-industriel Lunar a écrit :
« Ces outils nous trompent… au prix de notre autonomie et de notre indépendance.
Pourquoi a-t-on des outils qui ne sont pas conformes à nos attentes, à nos intuitions, à ce qu’on s’imagine d’eux ? Pourquoi ces outils ne pourraient-ils pas le devenir ? ».
Lunar, ayant appris que les années lui étaient comptées, a monté cette super conférence gesticulée « informatique ou liberté ? ». Il lui était devenu urgent de transmettre ses réflexions critiques, fruits de ses années d’activisme numérique, avec des projets tels que Potager, Nos oignons, Tor ou Debian, où iels cultivent de biens étranges légumes. Des profondeurs de la cave Print aux Tanneries jusqu’aux méandres d’infokiosques.net, Lunar contribuait à cette culture collective de l’autogestion et du refus de la propriété.
Imbriqué dans de multiples relations, et entouré d’ami·es queer-féministes, il a investi les enjeux liés au sexisme et aux identités de genre, de positions situées, anti-naturalistes, de conforts affectifs. Depuis ses relations amicales et amoureuses, jusqu’aux prises de position publiques, comme dans l’émission CAS libre ou la critique du livre Les furtifs.
Toute sa vie, il a bénéficié de nombreuses personnes autour de lui qui lui ont porté soin, l’ont confronté, lui ont permis de réaliser ce qui lui tenait à cœur. Il en était très reconnaissant, parfois maladroitement, parfois sélectivement.
Lunar a passé des heures dans des univers de science fiction. Depuis une curiosité technique frénétique, il a contribué à érigé des châteaux de carte remplis de points d’interrogation.
Soutenir les discussions, réfléchir les processus collectifs, inventer des jeux pour activer les mécaniques de la pensée critique… Lunar avait cette passion de l’éducation populaire. De la Dérivation aux Labo-fictions, en passant par quantité de chartes et protocoles de travail partagés.
« Notre parti pris est d’imaginer un monde où les choses ne seraient pas si simple, où elles nous blesseraient et nous accableraient, comme on l’éprouve déjà si souvent… mais où nous serions suffisamment ensemble pour que ça tienne. »
so et aude
Espace publications des messages de sympathie
Mon mari Sébastien, mes enfants, mes parents, mon frère : toute la famille se joint à moi pour vous présenter nos plus sincères condoléances. Perdre un fils, un frère, un oncle, un beau-frère est une immense douleur à surmonter. Je me souviendrai toujours de Jeremy comme d'une personne unique et exceptionnelle. Et j'ai encore le souvenir de sa frimousse d'enfant de 10 ans... Nous vous souhaitons beaucoup de courage dans cette épreuve. Restez unis, même si ça ne réduit pas la peine, cela peut aider à la supporter. Bises des Lachambre et des Motillon.
Natacha Lachambre /