
*Christiane DAVID née BOSSUS*
Née le 10 février 1959
Décédée le 3 octobre 2024
Née le 10 février 1959
Décédée le 3 octobre 2024
La cérémonie de ses obsèques aura lieu le jeudi 10 octobre à 16h30
Une veillée et un dernier au revoir aura lieu au crématorium de Vern sur seiche
Il sera suivi d’un temps d’hommage et de partage au manoir de Mi-Voie, à la Vieille Oreille à Chantepie.
Une cagnotte est en ligne pour organiser ce moment de convivialité et la réservation de la salle.
Le reste de la cagnotte ira à la famille pour un moment de partage autour de Christiane.
L’équipe de la coopérative est à votre disposition pour toute demande d’informations complémentaires au 07 63 63 55 25.
THORIGNÉ-FOUILLARD
Nous avons la tristesse de vous faire part du décès de
Christiane DAVID, née BOSSUS
Survenu le jeudi 3 octobre 2024
De la part de Thierry DAVID, son époux, de ses enfants Elodie, Simon et Mathilde et de leur conjoint et petits enfants ainsi que toute la famille
Un dernier hommage lui sera rendu le jeudi 10 septembre 24 à 16h30 au Crématorium de Vern s/ Seiche
Il sera suivi d’un moment de Partage au manoir de Mi-Voie, à la Vieille Oreille à Chantepie
Christiane repose à la Chambre funéraire de Pontchaillou
Visites de 8h30 à 18h00 jusqu’à lundi
Texte de Nathalie Woog
Avec une acuité très particulière, le départ de ce monde de Christiane, et ses ” préparatifs” (comme on le dit pour tout genre de voyage) se sont présentés, à mes yeux ou à mon esprit, comme la mise en jeu d’une question pour nous tous lancinante et toujours spontanément repoussée, celle du retrait. Du retrait de soi, de son propre retrait auquel pouvoir offrir – ou non – son consentement.
Un très grand nombre de ceux qui sont ici maintenant, du fait des affinités électives qui probablement les réunissent, qu’ils soient ou aient été médecins, personnel soignant hospitalier ou sur le terrain, éducateurs, enseignants, thérapeutes en tout genre, écoutants, accompagnants de toute sorte, aides à la personne, parents…, tous « savent » que leur pratique quotidienne auprès des autres, en tant qu’elle les sert, eux, vise à leur propre disparition du terrain, progressive jusqu’à être définitive. Ainsi en aura-t-il été pour Christiane autour de la nativité, de l’accompagnement des naissances, heureuses aussi bien que problématiques… Mais peut-être pouvons-nous professer longtemps avec enthousiasme sans jamais penser cela : la passation implique que la remise à autrui de ce qui lui revient soit un don, comme celui de la vie, un don qui n’exige pas de retour mais simplement sa transmission, son devenir.
« Aide-moi à faire seul », disait Maria Montessori, formulant ainsi la demande fondamentale de l’enfant à l’adulte : – S’il te plaît, fais en sorte que je n’aie bientôt plus besoin de ton aide parce que tu m’auras appris à… ou permis de faire et de savoir-être sans toi, de vivre de l’inventaire transmis, de disposer de ma libre capacité d’inventer à mon tour. Cela sera l’objet véritable de toute gratitude.
En hébreu, il est un nom que traduit bien en français le cours d’eau, ce cours de l’eau qui consiste à ce qu’elle soit la même partout sans jamais cesser de s’écouler plus loin, toujours là mais, pour chaque présent quelque part, toujours en train d’aller au-delà de tout ici.
Or les deux verbes dont le cours d’eau constitue la racine, en quelque sorte ne faisant qu’un tous deux, sont : hériter, déshériter. Ce sont pour nous plutôt des contraires ! Peut-être, mais peut-être comme tous les contraires, intimement liés l’un à l’autre, en vérité ? Et quel rapport entre un héritage et fleuves et ruisseaux ? La passation du donné, que n’interrompent que sècheresse ou stérilité.
De fait, celui qui hérite implique que se trouve déshérité celui dont il aura hérité. Il ne s’agit pas de la violence qu’évoquerait une désappropriation – par la mort – mais, bien au contraire, du régime véritable du don de l’existence qu’ont reçu et reçoivent en partage, instant après instant, les apparaissant – disparaissant que tous, nous sommes.
Passants nous sommes, comme l’est la goutte de l’eau qui coule de (sa) source, s’écoule, s’est écoulée, évaporée en changeant d’état, a rejoint l’océan… Qui sait ?
Alors, si venir au monde c’est commencer à s’y trouver totalement exposé… à tout ; et à la mort, assurément ; si être au monde, ce n’est pas lui appartenir mais s’y exposer soi-même, non pour s’y montrer mais pour s’y risquer, plus importants auront été nos investissements et investis par nous nos engagements, et plus l’appel silencieux à consentir au retrait de soi pourrait bien se présenter à nous comme un bouleversement sidérant, le renversement même de toutes nos perspectives personnelle et de nos espoirs, leur échec, leur effondrement.
Qu’est notre mort, en effet, sinon un retrait obligé, au sens où il s’impose, secrètement nécessaire, quoi que nous en pensions ?
Mais aussi – car ce n’est pas contradictoire, et tout sauf inconciliable justement – la puissance que recèle le libre consentement au retrait de soi fait de la mort l’obligée de celui qui le lui accorde, au sens où c’est une grâce qu’il lui fait ; car le consentement à se retirer de celui qui va mourir métamorphose radicalement la mort. Pour lui. Et par lui. Avec lui et en lui, elle change de visage. Ou plutôt elle se trouve enfin, là, délivrée de ses masques effrayants de faucheuse implacable de vie.
C’est tout à fait comme dans les contes, l’âne de Peau d’âne ou l’ours de Rose rouge et blanche rose, par exemple. Ils implorent en silence, longtemps en vain, qu’un regard humain sauve ce que l’étroitesse de vue ou l’absence de vision déshumanisante des Hommes a déshumanisé d’eux ; à ces yeux- là en tout cas.
Car la peau de l’âne et la peau de l’ours, c’est toujours, en vérité, une taie sur les yeux de quelqu’un croyant voir clair, qui en recouvre des princes, lesquels, du coup, s’ignorent eux-mêmes.
Notre plus grande peur est certainement celle que nous avons de notre plus haut désir et de notre capacité la plus ignorée de nous-mêmes.
Il ne s’agit plus là de projets rêvés, de perspectives enthousiasmantes envisagées, mais d’une dimension inconnue de soi dont il est difficile d’approcher l’amplitude ; car elle est impalpable et souveraine. Alors, sans nous en rendre le moindre compte, nous butons tous, mais simplement plus ou moins, sur les limites à l’intérieur desquelles nous habitons de plus en plus habituellement nos formes bien circonscrites de petits confinements quotidiens.
Qu’à cela ne tienne, butons bien, et que sous le choc, elles cèdent, ces limitations, et avec elles, nos résistances formidables face à elles !
Ce à quoi, avec Christiane j’ai eu précisément le privilège de participer, aussi bien au jour le jour (dans la durée aux changements minuscules quoique considérables) qu’à grande vitesse (dans la brusque précipitation du temps quand celui-ci court à une de ses fins), c’est à ce renversement aussi insaisissable qu’indubitable. De cause d’effroi d’abord, parce qu’il échappe à tout contrôle, ce bouleversement renversant a donné lieu à… (chaque mot compte !), il a rendu réelle, pour elle, l’expérience d’un détachement qui, lui, échappe à toute explication, détachement qui allège, dans lequel le sentiment de complétude est parvenu à être devenu infiniment serein.
Et c’est comme “un ballon qui vole”, ainsi que je disais lorsque j’étais petite, un ballon que lâche soudain la main qui serrait sa ficelle, cette main qui ne le retient plus, le laisse aller ; ou comme un retournement du monde dont je peux témoigner ; car c’est ce monde tel que vécu par Christiane , apparu avec elle pour disparaître d’ici avec la conscience particulière qui en fut la sienne, qui fut sa création du monde ; conscience propre à chacun du sens d’y être venu pour s’y chercher, et s’y trouver.
Tant de visages du monde alors ! Tous des uniques.
Christiane aurait bien aimé ce jour-là, comme je le lui ai proposé, que je note désormais pour elle les choses qu’elle dirait mais qu’elle n’avait plus la force de s’asseoir dans son lit pour écrire ; or, désormais, sans que nous le sachions, elle les aurait toutes dites puisque ce fut notre dernière conversation.
Et puisqu’elle souhaitait “laisser des traces”, m’a-t-elle dit alors, il ne sera pas contraire à son vœu, je crois, de rapporter ici le tout petit moment d’échange qui va suivre et clore de belle façon ce partage.
Christiane avait parlé antérieurement d’une situation récente dans laquelle elle avait senti qu’une personne très proche d’elle n’arrivait pas trop à l’être vraiment avec elle, par crainte, pensait-elle, de ce qui pourrait lui arriver à elle en la présence de cette dernière, par crainte de la si grande fragilité de sa vie qui pourrait se briser d’un instant à l’autre. Je lui en ai demandé des nouvelles. Elle a dit que tout ça s’était simplifié tout seul, “sans tralala, discours ni chichis”. J’ai répondu : “C’est parfait”.
Christiane est restée un moment en silence puis, lentement, comme un sourire perceptible dans la voix, elle a dit :
– Oui, c’est par – fait : toute – part – est – faite.
Encore un silence et enfin :
– TOUT est parfait !
Je ne m’étais pas imaginé ne pas me trouver parmi vous le jour qui se trouve être celui-ci pour célébrer l’existence accomplie de Christiane, existence que sa fin n’effacera jamais en rien. Cette fin en est l’achèvement comme peut l’être celui d’une œuvre, en vue de son retour possible advenu au point où elle était en puissance, n’était qu’en puissance avant de naître à cette fin. Mais il m’a semblé, finalement aussi, que pour poursuivre l’accompagnement du retrait du monde de Christiane, consenti de tout cœur par elle-même, il n’était nul besoin que je sois ici pour être vraiment là en cette occasion; là comme peut l’être tout absent quand il n’a disparu, ne disparaît ou ne disparaîtra qu’apparemment du monde des apparences.
C’est sûr, l’essentiel n’est invisible que pour les yeux.
Au plus intime de la métamorphose, ils se ferment.
Comme se joignent les mains.
Et tout le minuscule alors devient immense.
Nathalie Woog
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Espace publications des messages de sympathie
Nos pensées vous accompagnent dans cette épreuve douloureuse... La vie est éphémère mais le souvenir d'un être cher restera à jamais dans notre cœur... Nous n'avons pas beaucoup connu Christiane, mais il n'a pas fallu beaucoup de temps pour apprécier sa grande bienveillance et son ouverture d'esprit... Un COEUR qui aime, JAMAIS n'oubliera... Très chaleureusement, Ludivine et Marc SENINCK - Delphine DROUET
Ludivine et Marc SENINCK - Delphine DROUET /