Le monde du funéraire change. L’ère de digitalisation est à nos portes modifiant l’approche des cérémonies qui pourraient dans un futur plus ou moins proche être vécues via des supports numériques, audiovisuels. Il y a aussi d’autres transformations à venir et pas des moindre et si nous revenions comme le fait la revue BIKINI sur l’humusation.

Qu’est ce que l’humusation :
L’humusation est un processus contrôlé de transformation des corps humains par les micro-organismes, qui sont présents uniquement dans les premiers cm du sol, dans un compost de broyats de bois d’élagage, qui transforme, en 12 mois, les dépouilles mortelles en Humus sain et fertile.

Il ne faut pas oublier que l’humusation n’est pas légale en France. Alors pourquoi parler de l’humusation ?

L’humusation est un choix, une alternative qui interroge le modèle économique du funéraire, notre rapport à notre animalité et donc la mort.

C’est en cela que l’humusation est intéressante car elle permet de regarder autrement le secteur funéraire et notre modèle de société.

les cercueils

Avec l’humusation, Il pourrait être question de prêt de cercueil car pour la décomposition du corps il n’y aura plus besoin de cercueil.

N’oublions pas que le cercueil est obligatoire en France dont la filière en France est très importante.
• OGF avec ces deux usines produisent 144.000 cercueils par an (information provenant du groupe)
• Le groupe CANARD c’est 110.000 cercueils par an (information provenant du groupe)
• BERNIER PROBIS c’est 90.000 cercueils par an (information provenant du groupe)
• CARLES c’est 55000 cercueils par an (notre fournisseur pour celles et ceux qui ne le savait pas)

Comment accueillera ce secteur économique l’éventualité de l’humusation ? Comment adapter la loi face à l’éventualité d’un cercueil de prêt ?

les soins

La France se singularise par un recours accru à la thanatopraxie, plus important que dans la plupart de ses voisins européens.

Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) a publié en 2017 une étude10(*) comparant la législation et les pratiques des soins de conservation11(*) dans trente pays d’Europe et d’Amérique du Nord12(*). Cette étude a mis en évidence que la France faisait partie du groupe de pays dans lesquels la thanatopraxie était la plus répandue avec le Canada et les États-Unis, et parmi les pays européens, avec l’Irlande, la Roumanie et le Royaume-Uni. D’après le HCSP, la France a toutefois un recours plus « modéré » à la thanatopraxie, à mi-chemin entre l’Angleterre, où elle est très développée, et l’Allemagne, où elle est quasi inexistante pour des raisons culturelles et religieuses.

La proportion de soins de conservation est en augmentation constante en France depuis leur apparition dans les années 1960-1970 : pratiqués sur quelques centaines de défunts en 196313(*), ils représentaient déjà 20 % des décès en 1993, puis entre 30 % et 40 % depuis les années 2000, d’après Antoine Carle et Claude Ferradou14(*), entendus par votre rapporteur.

D’après le rapport des inspections générales des affaires sociales et de l’administration publié en 2013 sur les pistes d’évolution de la réglementation des soins de conservation15(*), la thanatopraxie concernerait environ 200 000 décès par an, soit 34 % des décès en 2013. Sur ces 200 000 décès, 23 % (46 000 environ) des actes de thanatopraxie étaient réalisés à domicile.

En effet, malgré la prépondérance du nombre de décès en milieu hospitalier (59 % du nombre total des décès), près de 26 % des décès ont eu lieu à domicile en 2016, sur un total de 594 000 personnes décédées en France16(*). Votre rapporteur observe en outre que, parmi les personnes décédées à domicile, 30 % d’entre elles feraient l’objet d’une thanatopraxie, ce qui représente une proportion équivalente à la moyenne générale17(*).

Ces estimations corroborent les éléments chiffrés recueillis par votre rapporteur auprès des opérateurs funéraires qui réalisent ces soins de conservation. Ceux-ci font état, pour l’année 2018, d’un total de 240 000 thanatopraxies réalisées, ce qui, compte tenu des 614 000 décès survenus en France durant cette année18(*), indique que de 39 % des défunts font l’objet d’une thanatopraxie. (source : http://www.senat.fr/rap/r18-654/r18-654_mono.html#toc14)

L’HUMUSATION ou le compostage après notre décès interroge la pratique du soin car l’humusation s’envisage comme un parcours naturel et donc sans soins de thanatopraxie. Elle nous donne à voir à travers les chiffres que la thanatopraxie n’est pas pratiquée de la même manière en Europe ou à travers le monde.

la marbrerie

Pour ce qui est du secteur de la marbrerie l’augmentation du nombre de crémation en France et l’arrivée d’une autre alternative qui elle aboutirait à une méthode de compostage ne serait pas la bienvenue.

Notre animalité

L’humusation questionne donc un business model mais aussi notre rapport à notre animalité. Car au delà d’une alternative écologique, l’humusation nous renvoie vers notre propre miroir.

Sommes nous vraiment prêt à revenir vers l’être animal que nous sommes alors que nous nous en sommes écarté ?

Nous nous sommes évertué à écarter la mort, la rendre de moins en moins odorante en bloquant les processus de putréfaction via les soins.

Notre jeunesse tend à bannir le poil adhérant toujours un peu plus à un rapport hygiéniste au corps, un corps qui s’acclimate à son espace de vie qui pour bon nombre d’entre nous est urbain, en dehors des espaces de nature.

nourrir le débat

L’humusation arrive donc à point nommé pour nourrir le débat. Et c’est cela que nous aimons à la coopérative funéraire de Rennes.

BIKINI est venu à notre rencontre. Comme un peu toujours quand on fait des interviews on est surpris par les propos qui nous sont attitrés. Mais c’est pas grave car il est temps de questionner, de bousculer notre rapport à la mort dans une société qui se cherche entre le tout numérique et le retour à la terre. Nous vivons définitivement un moment important, car il va nous falloir faire des choix. Il va nous falloir être acteur, actrice pour nos lendemains.

C’est ici le site de BIKINI